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Portrete monetare şi efigii imperiale – cameea Orghidan / Portraits monétaires et effigies impériales: le Camée Orghidan

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Excerpt Les portraits monétaires constituent le principal critère d'identification des différentes effigies impériales encore discutées aujourd'hui. C'est le cas du Camée Orghidan (appelé aussi „Le Grand Camée de Roumanie"), que nous trouvons digne de toute notre attention.
Le camée, en sardoine polychrome (marron, brun-rougeâtre, brun-violet et blanc), est de forme ellipsoïdale et de taille exceptionnelle (hauteur = 17,5 cm, largeur = 13,6 cm, épaisseur = 4,2 cm; poids = 905 g); ses dimensions le classifient parmi les réalisations remarquables du genre, étant considéré comme le cinquième grand camée du monde. Cela suffirait à attirer l'attention des érudits. En outre, la difficulté d'identifier les personnages figurés fit croître l'intérêt pour cet objet. Il présente deux bustes affrontés: d'une part un homme barbu, lauré, drapé, regardant vers la droite; d'autre part une femme drapée et coiffée d'un diadème, avec un long voile sur la tête, lui recouvrant les épaules. Entre les deux bustes on voit le Palladium: la statue d'Athéna, vue de face casquée, un boucher rond au bras; elle tenait dans la main droite une lance, aujourd'hui disparue. Face à face, deux aigles gigantesques, aux ailes déployées, tenant dans leurs serres une guirlande de feuilles et de fruits, soutiennent les deux bustes (pl. I). Cette composition reproduit le schéma iconographique bien connu de l'apothéose impériale: la divinisation après la mort de certains personnages illustres, les empereurs et la famille impériale. Sur les monuments sculptés, ainsi que sur les monnaies et camées, le thème de l'apothéose n'est pas donné en totalité: il se réduit d'habitude à l'ascension des personnes consacrées comme diuus et diua.
Il n'est pas dans notre intention de reprendre dans ce résumé les théories développées par ailleurs dans d'amples études consacrées à l'interprétation des personnages si controversés du Camée Orghidan (ce camée a été donné à l'Académie roumaine, en 1944, par l'ingénieur Constantin C. Orghidan; en présent, la pièce se trouve dans le trésor historique du Musée National d'Histoire de Bucarest). Car, jusqu'à présent, il n'y a unanimité qu'en ce qui concerne la signification de la scène figurée: une scène d'apothéose. Du reste, l'identification des personnages apparaît trop variée, dans un long intervalle de temps allant d'Hadrien à Julien l'Apostat. Ainsi, Julius Blanko reconnaissait dans les deux personnages Septime Sévère et Julia Domna (Demarateion, I, Paris, 1935, p. 124-129). À son tour, Constantin Moisil (BSNR, 1943, p. 34-38) était porté à croire que l'apothéose représentée sur le camée était celle de Lucius Verus et Lucille. Ultérieurement, Mihai Gramatopol (Latomus, 24, 1965, 4, pp. 870-885) attribua les deux portraits du camée discuté au couple impérial Julien l'Apostat et Flavia Helena (l'une des filles de Constantin le Grand et de Fauste); son opinion est acceptée par Jean-Luc Desnier (dans Constantiniana, 1983, p. 53-60).
En 1974, le problème de l'identification des personnages du camée Orghidan et de la datation de ce précieux objet était repris par Kurt Horedt (Muzeul National, I, p. 201-205); cet auteur se préoccupe d'infirmer la théorie de M. Gramatopol, n'acceptant ni la datation au IVe siècle, ni l'interprétation des personnages. En soulignant que dans la deuxième moitié du IVe siècle le christianisme était déjà reconnu comme religion officielle, K. Horedt doutait qu'on eût pu accorder à Julien l'apothéose.
Finalement, dans une étude récemment publiée, Lucia Marinescu (Dacia, N.S., 38-39,1994-1995, p. 109-119) fait une analyse minutieuse d'un nombre important de camées, en comparaison avec la Camée Orghidan. L'auteur, qui présente aussi en détail les opinions des chercheurs roumains et étrangers, souligne la difficulté de comprendre cette importante pièce et implicitement de la dater. En optant pour une datation au IIIe siècle ap. J. C. (plus précisément à l'époque des Sévères), l'auteur exprime l'opinion que identification exacte des personnages est aléatoire; n'excluant pas catégoriquement la possibilité d'identifier ces personnages (Hadrien et Sabine ou Caracalla et Julia Domna), Mme Marinescu croit que la réalisation de la gravure a pu avoir lieu à l'époque d'Élagabale.
Dans notre étude, nous croyons, en faisant appel à l'iconographie monétaire et aux monuments antiques significatifs, trouver une solution à cette question si discutée. L'iconographie, très riche, de Septime Sévère ne présente pas d'affinités avec le personnage de notre camée (dans les portraits de cet empereur on distingue quatre étapes; voir pl. ΠΙ-V). Le portrait d’Iulia Domna (pl. IV) se détache nettement de l'image féminine figurée sur le Camée Orghidan. Cette dernière reflète dignité et sévérité, traits accentués par le profil avec le nez droit et long, les lèvres minces, le menton pointu, le regard concentré et dirigé vers l'intérieur; de même, bien que rigide, avec une chevelure sobre, sans ondulations ou autres artifices, un air majestueux se dégage de cette figure II est improbable de distinguer sous ces traits le portrait d'une princesse. À propos de l'identification avec Hadrien et Sabine, on ne peut constater, à notre avis, aucune similitude avec les personnages du Camée Orghidan (voir l'Histoire Auguste, Hadr., 24,1).
Sur les monnaies, ce grand admirateur de la culture grecque est représenté conformément à la beauté idéale des diadoques (avec le profil grec pur, encadré par des boucles courtes, le regard calme et rêveur) (pl. IX); les bustes en marbre reflètent également les mêmes traits d'une finesse unique, avec l'ovale parfait du visage, sans rides, encadré d'une barbe frisée et courte (pl. IX-X).
Le portrait d’impératrice Sabine, tel qu'il apparaît sur les monnaies (pl. XI) ou les bustes en marbre révèle une beauté froide (pl. XII). Nous ne pouvons pas admettre qu'il puisse s'agir de Lucius Verus (voir son portrait dans l'Histoire Auguste, Verus, 10, 6); on le reconnaît sans difficulté sur les effigies monétaires et les bustes en marbre: avec son front étroit surchargé d'une masse de cheveux bouclés, le visage allongé et la barbe montant presque verticalement vers les oreilles (pl. VI-VIII).
On observe, en revanche, que le personnage représenté sur le Camée Orghidan se caractérise par un aspect herculéen, les mèches dans un léger désordre, les joues flasques, les paupières lourdes avec le regard vide.
La comparaison entre les portraits des sources littéraires (voir Ammien Marcellin, XXV, 22), des monnaies et de la pierre gravée en sardoine (conservée au Cabinet des Médailles de Paris), et le personnage représenté sur notre camée repousse catégoriquement toute identification avec l'empereur Julien (pl. II; XIII). En conclusion, il ne s'agit pas de l'apothéose de Julien l'Apostat et de Flavia Helena. A notre avis, le personnage figuré sur le camée de Bucarest ne pourrait être que l'empereur Commode.
En fait, le mérite revient à K. Horedt pour avoir saisi une analogie avec cet empereur; selon lui, la scène représenté l'apothéose de Commode, mais sous les traits d'Énée. Ce savant optait pour cette allégorie, considérant comme impossible la présence de Crispine dans l'apothéose de Commode (car cette princesse avait été exécutée à l'ordre de l'empereur sur l'accusation d'un adultère présumé). Pourtant, cette dernière interprétation nous semble peu probable (c'est pourquoi nous avons insisté, dans notre article, sur les effigies figurées sur notre camée, en les comparant avec les portraits les plus représentatifs de l'empereur Commode; pl. XIV-XVI); l'effigie du Camée Orghidan nous suggère toujours les traits de Commode-Hercule et non de Commode-Énée.
De même, sachant que l'impératrice Crispine ne pouvait figurer dans l'apothéose de Commode, qui est le personnage féminin représenté sur le camée? À notre avis, l'effigie est celle de la déesse Viesra, qui apparaît presque toujours à côté du Palladium (spécialement sur les monnaies du type Consecratio). On sait que, sauvé par Énée de l'incendie de Troie et amené en Italie, le xoanon magique fut abrité dans le temple de la déesse Vesta. Par conséquent, le Palladium et Vesta (qui veillait sur le feu sacré), signifiaient la fondation et l'éternité de la Ville. Π nous semble important de souligner que le sujet de la composition du camée ne fut pas choisi fortuitement; il n'illustre pas la fantaisie du graveur, mais comporte un sens précis, étroitement lié à un événement de l'époque de Commode. Un passage de l'œuvre de Hérodien (I, 14-15) nous semble révélateur pour expliquer l'association du Palladium et de la déesse Vesta sur cet important camée: "On n'avait vu tomber aucune pluie; aucun nuage ne s'était présenté; seulement la terre avait ressenti une légère secousse; lorsque le temple de la Paix, le plus grand et le plus bel édifice de Rome, fut soudain dévoré par les flammes, soit que le tonnerre l'eût embrassé pendant la nuit, soit que des feux souterrains fussent sortis du sol ébranlé L'incendie, après avoir consumé ce temple, s'étendit plus loin, et brûla la plupart des beaux monuments de Rome. Le temple de Vesta fut de ce nombre, et le Palladium, pour qui les Romains ont tant de respect, et qu'il cache loin de tous les yeux, le Palladium qu'Enée, dit-on, avait apporté de Troie, fut alors pour la première fois, depuis son arrivée en Italie, exposé aux regards des hommes. Les Vestales arrachèrent cette statue du milieu des flammes, et à travers la Voie Sacrée, la portèrent au palais de l'empereur...." (traduction Léon Halévy, Paris, 1860, pp. 35-36). Il s'ensuit du passage cité que l'association de Vesta et du Palladium, dans la scène de l'apothéose de Commode, n'est pas fortuite. Nous croyons que notre hypothèse, loin d'être hasardeuse, peut élucider d'une manière définitive l'identité du personnage féminin du Camée Orghidan: il s'agit de la déesse Vesta, en présence du Palladium.
Une dernière remarque concerne la manière de figurer les aigles du Camée Orghidan. Ils présentent des analogies avec ceux qui sont sculptés sur la base du buste en marbre mis au jour sur l'Esquilin: à la base de cette statue de Commodus-Amazonius il y a un bouclier - pelta - dont les extrémités sont des têtes affrontées d'aigles. Un examen du contour des aigles gravés sur le camée de Bucarest montre la même image, constituée en pelta.
Sur notre camée, le graveur n'a pas transmis de manière réaliste les traits de Commode - dont la mémoire jusqu'alors condamnée provoquait l'horreur des sénateurs - mais les a dissimulés sous l'effigie d'Hercule.
Bien que le graveur de la pièce eût sans doute à sa disposition le portrait officiel de Commode (grâce aux monnaies, médaillions et sculptures en marbre), il réalisa d'une manière conventionnelle le portrait de l'empereur tardivement déifié (à peine en 197, grâce à l'intervention de Septime Sévère: voir Cassius Dio, LXXV, 7-8). De même pour détourner du personnage principal l'attention, le lithoglyphe insista sur une présentation exagérée des aigles. Nous croyons qu'il n'est pas question d'un artiste médiocre ou d'une technique déficitaire, mais plutôt d'une représentation conventionnelle d'un prince trop récemment réhabilité.
La survivance de cette pièce, de l'Antiquité à nos jours, prouve que ce camée était considéré comme un objet de valeur, conservé et transmis avec soin. Œuvre d'un atelier officiel, réalisé à partir d'une pierre de sardoine de dimensions appréciables représentant l'apothéose d'un empereur romain, le Camée Orghidan peut être inclus parmi les plus grandes réalisations de ce genre.
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  • Cercetări Numismatice: CN; VIII; anul 2002